Hâpy : la crue du Nil devenue divinité
- Anne Bachelart
- 15 août
- 2 min de lecture
Identité et rôle
Hâpy est le dieu personnifiant la crue annuelle du Nil.
Son rôle était vital : il garantissait la fertilité des terres grâce au limon riche déposé par les inondations.
Les Égyptiens le considéraient comme un apporteur de vie, d’abondance et de prospérité.
C’était un dieu bienveillant, rarement associé à la colère ou à la punition — à la différence d’autres divinités.

Statue de Hâpy à Karnak (22ᵉ dynastie) — Une représentation imposante (probablement une stèle ou statue en relief) issue du temple d’Amon‑Rê à Thèbes. Hâpy porte une offrande riche, illustrant sa fonction essentielle d'apporteur de vie
Origine et localisation du culte
Culte très ancien : attesté dès l’Ancien Empire.
Adoré partout le long du Nil, mais particulièrement dans les zones où la crue était observée et mesurée.
Centres cultuels principaux :
Assouan (île d’Éléphantine), où se trouvait une nilomètre pour mesurer le niveau de l’eau.
Memphis et Thèbes avaient aussi des sanctuaires lui rendant hommage.
Représentation iconographique
Hâpy est facilement reconnaissable par :
Son apparence androgynique :
Corps d’homme avec ventre rebondi et seins pendants → symboles de fertilité et de nutrition.

Sa couleur de peau bleue ou verte → lien avec l’eau et la végétation.
Ses couronnes végétales :
Lotus (Haute-Égypte)
Papyrus (Basse-Égypte)
Parfois les deux, symbolisant l’union des Deux Terres (Sema-Tawy).
Ses représentations le montrant souvent tenant des plateaux d’offrandes de nourriture, poissons, jarres d’eau ou plantes aquatiques.
Dans l’art officiel, il apparaît parfois en double (Hâpy de Haute-Égypte et Hâpy de Basse-Égypte) nouant ensemble les symboles des Deux Terres.

Relief antique (Temple de Médinet) — Un morceau de relief sculpté représentant le double Hâpy dans sa posture divine, accompagné de hiéroglyphes évoquant la chance et la vie.
Mythologie et symbolisme
Dans la cosmogonie égyptienne, Hâpy ne représentait pas le Nil lui-même, mais les eaux nourricières apportées par sa crue.
Associé au dieu Khnum (potier divin qui façonnait les corps humains), car l’eau du Nil était essentielle à la création et au maintien de la vie.
Parfois lié à Osiris, dont le corps fertilise la terre comme les eaux du fleuve.
Il n’a pas de mythes guerriers : c’est un dieu pacifique, protecteur et généreux.
Rituels et fêtes
La crue annuelle était l’occasion de processions et d’offrandes à Hâpy, pour s’assurer que les inondations seraient abondantes mais pas destructrices.
On lui offrait :
des jarres d’eau parfumée,
des guirlandes de fleurs,
des produits agricoles.
Les hymnes à Hâpy le décrivent comme « celui qui fait vivre l’Égypte entière ».
Fête majeure : La fête de l’inondation (fin juillet à début août dans notre calendrier), marquant le début de la saison Akhet.
Extrait d’un Hymne à Hâpy (traduction)
« Salut à toi, Hâpy, qui viens dans ce pays, qui arrives pour donner vie à l’Égypte, toi qui caches ta venue dans l’obscurité, afin de répandre ton eau. Lorsque tu t’élèves, la terre exulte, et tous les ventres sont joyeux. »



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